Spéciale

Devenir calligraphe est impossible. L'on peut tout au plus faire le choix de s'engager sur le chemin d'un apprentissage sans fin.

L'on ne doit jamais dire : je suis calligraphe. Le public le peut en désignant celui-ci au regard de la qualité de son travail.

"Je débute" devrait dire l'éternel apprenti.

Chaque ouvrage est un exercice.

"Pratiquez, pratiquez" conseillait un grand maître chinois à ses disciples.

Mais encore ?

"Pratiquez, pratiquez, pratiquez" insistait-t-il.

 Émile 

Le petit mot d'Emile, un rite quotidien de celui qui, de jour en jour, plonge plus profondément dans l'encrier.

Il y pêche ses mots, ses phrases parfois, et ses pensées prennent l'encre.

A demain pour une bulle d'air à la surface de l'encre.

Bon dimanche.

 Émile 

Le calligraphe est un silencieux ajoutant du silence à celui du texte, une musique lointaine tout au plus, une couleur peut-être.

Il est en réflexion permanente car la beauté est complexe ; elle n'est ni abondance ni abstinence, juste un équilibre.

 Émile

Lorsque l'ivresse du tracé le saisit, le calligraphe ose tout.

Poussé par un élan qu'il découvre et l'étonne toujours, il devient capable de créer, ce qu'il ignorait jusqu'alors. Il est emporté par le trait qui le dépasse et demeure la mémoire de son invisible qui s'associe au vôtre.

 Émile

Une calligraphie est un tapis volant au dessus d'un océan de
mots et de connaissance.
Elle s'en détache pour en transcender une part infime, et l'art
s'invite à la table du texte. Il lui propose une forme nouvelle,
invitant à un autre regard, une autre lecture dans une vibration
différente.
La calligraphie a du sens ; son ambition est d'offrir une forme au
sens premier.

Emile

Chaque jour est un plein, chaque nuit un délié.

Je trace des lettres, des alphabets entiers.

C'est mon alpha et mon oméga, une façon de dire comme une autre.

"Tout l'Univers est dans l'alphabet" précisait Victor Hugo.

Que dire de plus ?

 Émile